Volume 5, numéro 1, hiver 2014
Josée F. Breton, présidente
Chers collègues,
Je désire tout d'abord vous souhaiter une heureuse année 2014. Que cette nouvelle année soit source de réconfort et de joies.
Quelle déception, le 8 janvier 2014, que l'annonce de la décision du ministre de la Santé, le Dr Hébert, de maintenir le statu quo quant à la formation des infirmières. Pourtant, le Dr Pierre Durand, président du comité ministériel, a donné raison à l'OIIQ et s'est positionné en faveur du rehaussement de la formation infirmière au niveau universitaire. C'est l'absence de consensus au sein du comité qui a eu comme impact de bloquer tout changement. Mais est-ce que l'on s'est préoccupé des besoins futurs de la population?
Ce débat sur la formation dure depuis plus de trente ans, et les guerres intestines ne font rien avancer. Il est temps de chercher un terrain d'entente afin de pouvoir fournir à la population québécoise, à l'avenir, des soins et services équivalant à ceux du reste du Canada. Toutes les autres provinces du Canada ont amorcé le virage en rehaussant le niveau de formation de leurs infirmières, alors qu'au Québec on privilégie le maintien du statu quo sans même ajouter d'heures de formation. Les infirmières formées au collégial sont en déficit de 2 500 heures par rapport aux autres provinces et à la France. Et que dire des infirmières de France, diplômées depuis 2012, elles obtiennent un statut d'infirmière clinicienne lorsqu'elles terminent le stage d'adaptation avec succès. Le Gabon a lui aussi emboîté le pas et rehaussé la formation de ses infirmières au niveau universitaire. Tandis qu'au Québec, on est incapable de prendre une décision qui ferait en sorte que les infirmières des générations futures seraient très bien outillées pour faire face aux multiples défis qui les attendent.
Quelle absence de vision d'avenir pour la profession de la part du gouvernement! En effet, alors qu'actuellement presque toutes les professions de la santé rehaussent leur niveau de formation, on le refuse aux infirmières.
Pour faire face aux défis grandissants, ce sont les milieux de soins qui doivent compenser en comblant les lacunes par de la formation continue pour les soins intensifs et les soins d'urgence, compétences qui ne sont pas acquises durant la formation collégiale, afin d'assurer la sécurité dans les soins. Comment ensuite demander aux infirmières de coordonner le suivi des patients avec des maladies chroniques, de prescrire et d'ajuster les médicaments? La formation collégiale a ses limites et pourrait à l'avenir compromettre la sécurité des soins.
Cette décision est lourde de conséquences et elle fait régresser la profession. Comment allons-nous faire face au virage pour donner des soins à la population? Le gouvernement a adopté une attitude méprisante envers les infirmières et nié le fait que ce sont les infirmières bien formées qui détiennent la clé du virage vers la communauté, de l'amélioration de l'efficacité du réseau de la santé et de la coordination des soins des maladies chroniques.
Une bataille a été perdue, mais le combat doit continuer. La communauté infirmière doit penser aux patients ainsi qu'à leurs besoins futurs et s'unir pour la cause.
Josée F. Breton
Présidente ORIIML
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